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LIVE THÉÂTRE MUSIQUE
CRÉATION 2015. SPECTACLE 3

Où il sera question de "to-do-list", de Marcel Proust, de robotique et d'intelligence articifielle, de congélation dans le temps, de trois couleurs de post-its, de rétrecissement de l'espace, d'une ligne de la mort, de l'obsolescence programmée de l'electro-ménager et du développement instantané du Polaroïd, entre autres. 

DU MANQUE DE TEMPS 
J'en suis à peine à écrire les premières pages de ce dossier. Je dois en exposer clairement le propos, les enjeux et tout l'intérêt. La synthèse est ardue et la deadline approche. La ligne de la mort. Le dossier doit être rendu demain. Je dois me concentrer là-dessus et être efficace. Il faut aussi que je renvoie des documents aux impôts pour la redevance. Et que j'aille racheter du lait pour le petit. D'ailleurs nous n'avons plus rien dans le frigo. Note : penser aussi à prendre rendez-vous à la banque de toute urgence. Et chez l'ostéo ; ça fait trois semaines que je traîne ce blocage à l'épaule. Bon, d'abord le dossier. Deuxième paragraphe : 

Le temps va de plus en plus vite. C'est du moins une sensation très largement partagée dans le monde occidental moderne. Nous avons de plus en plus de tâches à accomplir lors de périodes de temps de plus en plus courtes. Pourtant, les outils de la modernité (perceuses électriques, téléphones, ordinateurs, moyens de transport notamment) nous font aller plus vite. Du temps devrait logiquement être libéré pour le repos, les loisirs ou la méditation. C'est le cas. Du temps est libéré. Mais nous nous empressons de trouver de nouvelles tâches à y glisser. Après tout, si la machine à écrire réduit le temps de rédaction d'une lettre d'une heure à vingt minutes, il serait contre-productif de ne pas taper trois lettres en une heure. 

Ce mouvement global d'accélération concerne à la fois la vitesse des transports, le rythme du travail, la fréquence d'innovation technique, le temps de législation en politique, le débit de la parole, l'organisation de la vie sociale. Il concerne l'individu et la société. Il semble se nourrir lui-même sans limite apparente et nous entraîne vers une véritable frénésie. Beaucoup pensent aujourd'hui que nous touchons à une limite. Mais il est amusant (ou effrayant) de constater qu'en 1809, déjà, Goethe écrivait : « C'est assez désagréable de ne pouvoir plus rien apprendre pour toute la vie ! Nos aïeux s'en tenaient aux enseignements qu'ils avaient reçus dans leur jeunesse : mais nous, il nous faut recommencer tous les cinq ans, si nous ne voulons pas être complètement démodés ». 

Le sociologue Hartmut Rosa s'est penché sur les origines de l'accélération, sur ses effets, ses causes, sur ses symptômes. A travers le prisme du temps, il parvient à dresser un portrait singulier et critique de notre époque (Accélération, une critique sociale du temps, Edition La Découverte, 2011.). Son travail sert de base à notre spectacle. Nous l'enrichissons de nombreuses sources (scientifiques, philosophiques ou fictionnelles) et d'expériences intimes. Le tout, passé à la moulinette de notre travail scénique, aboutira à la création d'un spectacle multidisciplinaire (danse, théâtre, musique) ludique et politique : "Dead Line" 

 

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